retour à la page précédente
"Hélène et moi, c'est d'abord une rencontre musicale. Puis j'ai découvert son intérêt pour la nature, les plantes, son implication dans les jardins collectifs et les composteurs de quartiers, et ses questionnements à propos du climat et de nos modes de vie. Hélène photographie depuis longtemps le monde qui l'entoure : des légumes biscornus ou des arbres velus, des préparations culinaires ou des cailloux, des tags ou des superpositions d'affiches... Et plus
récemment elle a commencé à photographier des gens, avec cette même douceur et bienveillance qu'elle met dans toutes ses interactions sociales.
Hélène s'épile lorsqu'elle veut porter des vêtements qui laissent apparaître ses jambes ou ses aisselles, car elle n'est pas à l'aise avec le regard des gens sur ses poils. Mais elle laisse pousser ses cheveux qu'elle a longs, bouclés et abondants, et qu'elle remonte parfois en une sorte de chignon désordonné.
Il y a deux ans, Hélène avait réalisé un ensemble de photos de moi pour mon examen professionnel. J'ai eu envie de reproduire cette expérience avec elle pour ce projet photographique sur la pilosité des femmes." - CH
Claire Herrbach
Hélène Tenneroni
Pilos-elles
exposition photographique
"Très vite, en commençant à prendre des photos, j’ai aussi recueilli des témoignages. Ne plus s’épiler, ça fait parler, c’est fou, tout ce qui sort dés qu’on aborde le sujet. Ça remonte au tout début de l’adolescence, on se rappelle de nos mères, nos cousines, des amie-es qui ont fait qu’on a commencé à s’épiler, simplement parce qu'il n’était pas question de faire autrement. Et puis toutes les étapes, tous ces outils de torture essayés, le temps passé, les poils incarnés, le poids du regard des autres...
Du côté des photos, nous voulions contribuer à banaliser le poil sur le corps des femmes. Le sujet est très à la mode et a déjà fait l’objet de plein d’articles ou d’expositions.
Aussi, nos ambitions sont très simples, nous voulions juste apporter un regard en plus, très modestement.
Nous sommes parties sur le postulat suivant :
- prendre en photo des femmes qui ont complètement arrêté de s’épiler ou qui s’épilent partiellement ou même qui continuent, mais qui parfois, laissent un peu repousser leurs poils.
- Éviter que ça vire érotique ou étude anatomique
- Essayer de prendre en photo la pilosité sans que la pose soit exagérée

Cela explique qu’il n’y a pas de gros plans, les poils ne sont pas toujours bien visibles (eh oui, parfois, ils sont très fins et résistent à la photo !), on ne sais pas toujours ce qu’on doit voir.
C’était aussi le but de ces photos : que le poil passe inaperçu." - HT

PS : La Piloselle est une plante vivace de la famille des Astéracées. Le nom de Pilosella remonte à la fin du Moyen Âge et se rapporte aux nombreux poils dont la plante est revêtue.
"Claire accorde une grande importance à la sobriété. Depuis quelques années maintenant, sa vie tourne autour de la simplicité, de l’économie, d’un souci de justesse. Économie financière, mais surtout économie des gestes inutiles, diminution des déchets, récupération…
Claire est aussi musicienne, mais pas que. Elle a été informaticienne, et il lui reste des envies de coder, bricoler des machines… Elle tricote, elle peint, et elle est incollable en palindromes.
Cela fait quelques années qu’elle porte les cheveux très courts pour plus de simplicité et depuis
deux ans, elle a décidé de ne plus s’épiler : ça prenait trop de temps et occasionnait trop de souffrance aussi.
L’année dernière, elle a eu envie de proposer une exposition de photographies de femmes qui ne s’épilent plus, pour le festival Réinventer son monde et elle m’a demandé si j’étais partante pour faire les photos." - HT
conception, réalisation
photographies, recueil de témoignages, réalisation